Le Département des études, de la prospective et des statistiques (DEPS) du ministère de la Culture et de la Communication vient de publier la synthèse de l'étude que j'ai réalisé au Crédoc avec Romain Picart en 2010 sur la prospective du commerce physique de bien culturels.Cette note reprend les principales conclusions de la partie prospective.
Avant-propos
Le commerce physique et la culture. Il y a peu encore,
leur rapprochement aurait pu paraître étrange et leur
prospective impertinente. Elle est devenue urgente et
nécessaire. Deux ou trois décisions financières concernant
de grands acteurs mondiaux peuvent modifier brutalement
les marchés nationaux et la diversité culturelle,
alors qu’opèrent déjà révolution numérique, transformation
des habitudes de consommation et leurs attentes.
Or, le commerce physique est un maillon économique
central de l’économie de la création, de la production et
de l’édition : il assure le passage d’une diversité produite
à une diversité distribuée, nécessaire à une diversité
consommée. C’est dans le commerce physique que voisinent
les promesses de débouchés et les risques de goulots
d’étranglement pour l’économie de l’offre culturelle,
ce qui justifie des stratégies originales.
Concurrencé par le commerce en ligne, sur lequel se
sont positionnés de nouveaux acteurs, comme par la
contrefaçon, le commerce est confronté à de nouvelles
approches des territoires et des mobilités, à des mutations
de goûts et de sorties, dans un contexte foncier
inflationniste. Peu régulé au regard d’objectifs culturels,
le commerce physique des biens culturels traverse une
zone de turbulences, certaines de ses mutations lui étant
propres, d’autres affectant l’activité commerciale dans
son ensemble.
Distinguer mais aussi comprendre l’articulation des
unes et des autres est nécessaire pour élaborer des scénarios
d’évolution des filières à horizon temporel 2015,
utiles aux acteurs du commerce culturel et aux pouvoirs
publics. L’accès à la culture et à la diversité en
dépendent.