En cette fin d'année, je vous recommande de voies complémentaires pour mieux connaître le monde des caissières. Deux éclairages sur la vie des quelques 200 000 hôtes ou hôtesses de caisse qu'emploie le commerce de détail en France, qui croisent notre quotidien mais que, au fond, nous connaissons mal. Si souvent décriés pour la rudesse des conditions d'emplois et de travail, ces emplois aujourd'hui nous inquiètent en raison de la menace que les caisses automatiques et la diffusion du self-scanning font peser sur leur avenir, alors que la France souffre d'un important déficit d'emplois peu qualifiés.
Les damnés de la caisse
de Marlène Benquet, éditions du Croquant, 2011
Jeune sociologue (membre du RID !), Marlène Buenquet a pratiqué pour ce livre "l'observation participante" en ce faisant embaucher comme caissière. Son approche s'est également nourrie de nombreux entretiens. Elle nous livre un constat sans complaisanse, ni démagogie, de la situation professionnelle et personnelle de ces "OS du commerce". Elle réussit à nous faire saisir de détail de l'organisaiton du travail d'une grande surface alimentaire et la manière dont ces personnes vivent leur conditions, en faisant apparaître un net effet de génération.
Les tribulations d'une caissière
un film de Pierre Rambaldi, sortie le 14 décembre 2011
Ce film est librement inspiré du livre d'Anna Sam, cette caissière qui avait defrayée la chronique avec son blog qui avait drainé une audiance inattendu. S'il n'a évidemment pas la rigueur du livre de Marlène Benquet, ce film réussit, sur le ton léger d'une comédie du dimanche soir, à sensibiliser aux conditions de travail et de vie des caissières. Un bel hommage aux "petites gens", à leurs galères quotidiennes au travail et à la maison, à leur endurance face à l'arbitraire de l'encadrement intermédiaire (que pointe également - de manière moins caricuturale - Marlène Benquet) et à la solidarité qui les lie et qui aide à faire passer l'ensemble. Certes, on pourra reprocher à ce film la couche un peu épaisse de sentimentalisme lié à la place qu'y tient la romance, ainsi que le caractère un peu "marqué" de certaines situations... mais on rit et on pleure autant que l'on apprend. A ne pas manquer.