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Ce blog va bientôt cesser d'exister, tout du moins de manière autonome. Le blog de l'Observatoire Société et Consommation (L'ObSoCo) prend progressivement la suite. D'ores et déjà les archives de ce blog y ont été transférées et chaque nouveau billet posté ici est également publié sur le site de l'ObSoCo. Je partagerai le blog de l'ObSoCo avec Nathalie Damery et Robert Rochefort, qui ont fondé avec moi l'Observatoire Société et Consommation, ainsi qu'avec l'ensemble des membres du Cercle de l'ObSoCo... A suivre !!

 

 

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27 octobre 2008 1 27 /10 /octobre /2008 14:01

Ph. Moati, Chronique, L'Usine Nouvelle, n° 3119, 16 octobre 2008


Le film catastrophe de la crise financière n’est pas de nature à améliorer le moral des ménages. Après le terrorisme, les pandémies et le réchauffement climatique, beaucoup découvrent un nouveau risque majeur sur lequel nos régulations ont bien peu de prise. A l’angoisse s’ajoute la colère à l’égard d’une élite qui s’est enrichie sans vergogne et qui appelle aujourd’hui le contribuable au secours. Enfin, chacun s’accorde désormais sur la perspective d’une récession qui portera un coup sévère à la croissance du pouvoir d’achat. Le contexte est mûr pour que les « nouveaux comportements de consommation » se généralisent… En réalité, les Français n’ont pas attendu la crise financière : reprise de la croissance de la part de marché du hard-discount ; accélération du transfert des ventes des produits de grandes marques vers les marques de distributeurs ; succès des sites de prix cassés sur Internet… Nombre de consommateurs, convaincus depuis plusieurs années de subir une érosion de leur pouvoir d’achat, affichent une sensibilité accrue aux prix et semblent devenus des adeptes de « l’achat malin ».

 

Lorsque l’INSEE annonce une croissance de 3,3 % du pouvoir d’achat en 2007, une proportion significative de ménages ont en réalité subi un recul ; les plus pauvres ont été particulièrement vulnérables à la flambée des dépenses contraintes (les loyers, le chauffage, l’essence, l’alimentation…). La sensibilité aux prix dans les arbitrages de consommation est pour eux une réaction classique au durcissement de la contrainte budgétaire. Mais « l’achat malin » s’étend à d’autres catégories de ménages, dont la croissance du pouvoir d’achat - réelle à moyen terme - n’a pas été suffisante pour répondre à une appétence pour la consommation attisée par les nouveaux biens et services issus des NTIC. Satisfaire rapidement ses envies implique de dégager des marges de manœuvre en rognant sur les dépenses répondant à des besoins de base déjà largement satisfaits (les produits de grande consommation) et en recherchant systématiquement les « prix cassés » pour les produits plus impliquants. Une troisième catégorie de ménages – sans doute beaucoup moins nombreuse – adopte ce type de comportements plus économes mais comme conséquence d’une certaine prise de distance par rapport à la consommation. Prenant sans doute confusément conscience de ce que la fuite en avant dans la consommation n’est pas nécessairement synonyme d’épanouissement, ils se replient sur les attributs fonctionnels des produits et se rebiffent face aux surcoûts du marketing. Certains parmi eux nourrissent un discours critiques sur les limites de la société de consommation, en particulier quant à ses conséquences environnementales.

 

Quels qu’en soient les fondements, ces comportements de consommation sont susceptibles d’aggraver la récession. Dans son discours de Toulon, Nicolas Sarkozy a clairement exprimé l’impuissance du gouvernement sur le front du pouvoir d’achat. C’est aux acteurs des marchés de grande consommation – industriels et distributeurs – qu’incombent la charge de tenter de tirer la consommation vers le haut. Le niveau de revenu de la majeure partie de la population ainsi que l’importance du taux d’épargne dans notre pays témoignent de l’existence de marges de manœuvre. Concentrer le combat concurrentiel sur le seul terrain des prix encouragerait des comportements concourant au climat dépressif. L’option vertueuse consiste à renforcer le degré d’implication des consommateurs au-delà des produits hi-tech, en relançant l’innovation et en cultivant des territoires immatériels en phase avec les imaginaires de consommation d’aujourd’hui.

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commentaires

Y
Vos analyses sont vraiment pertinentes et permettent d'avoir une autre approche de la consommation des ménages notamment sur la distinction entre "vouloir" et "pouvoir" d'achat. Commentaire d'un étudiant de Paris 7, assistant à votre cours "histoire des faits économiques" le mardi  matin.
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M
Si la réaction de "Orion" traduit du pessimisme, de la colère, de l'angoisse, etc...c'est qu'elle est finalement  à l'image de ce que ressentent les français...Ceci ne démontrerait il pas la double erreur potentielle du système:1) d'avoir considéré que l'homme était calculable (prévisible), tant dans sa psyché que dans ses actes de consommation...Alors que l'homme est incalculable (même sans transcendentalisme il reste le plan des "consistances" - voir Gilles Simondon, par exemple)2) d'avoir considéré que les ressources naturelles étaient incalculables (infinies) alors qu'elles sont calculables (finies).Si telle était le cas, et il y a des chances pour que ma prédiction soit vraie, il s'agit de la plus grosse bourde que le système ait pu généré. Donc, le pb n'est pas de savoir si le pouvoir d'achat fait +3 ou +4 %, le pb c'est d'ouvrir les yeux sur la réalité, et très vite de proposer une nouvelle organologie générale politique, économique et industriel. Des économistes comme vous ont ils ce pouvoir? et cette volontée politique (qui ne peut pas être ni libérale ni capitaliste, contrairement à ce que dit Bernard Stiegler par exemple)?
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P
<br /> J'adhère à 5/5 à votre propos. Nous souffrons d'un excès "d'économisme", non pas seulement dans le sens où la sphère économique aurait pris le dessus sur toutes les autres, mais surtout dans celui<br /> de l'influence des modes de pensée de l'analyse économique néo-classique. La crise actuelle offre une formidable tribune aux économistes hétérodoxes pour faire valoir une autre manière d'analyser<br /> l'économie, qui ne soit pas coupée des autres sciences sociales, qui rende justice de la complexité et de la diversité des déterminants des actions individuelles, du rôles des institutions et du<br /> caractère émiment relatif , dans le temps et dans l'espace, des mécanismes économiques. Je m'engage pour ma part dans une réflexion sur les voies de refondation des modèles de<br /> consommation. Comme débouché ultime des marchés, la croissance de la consommation est nécessaire à la croissance de l'économie. Et il n'y a pas de capitalisme sans croissance. Je m'oppose donc<br /> fermement aux partisans de la décroissance. Pour autant, force est de constater que les modèles de consommation qui sont les notres depuis des décennies sont dévastateurs pour l'environnement (et<br /> donc, non soutenables) et ne conduisent pas nécessaire au plein épanouissement des individus. A suivre...<br /> <br /> <br />
O
Précisons seulement que ce n'est pas de psychologie, ni de "pédagogie", ni de démagogie dont les français enfin en colère ont besoin aujourd'hui, mais d'argent! Cela tient en un mot, et, pour ma part, ce sera donc le dernier!
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O
Merci de votre réponse. Je n'entrerai pas dans une joute oratoire. Je ne suis pas spécialiste et ne désire pas le devenir, je ne suis pas payée pour lire et produire toute la journée des rapports aussi objectivement inutiles que faussés et lénifiants (je m'en tiens à leurs conclusions).Tout ce que je peux dire, c'est qu'il est tout simplement malhonnête, de présenter un moyenne "objective" (je ne nie pas qu'elle provienne de l'INSEE!) sans "avoir le temps" (30 secondes), pour des questions de "format"(cela veut dire sans doute qu'il ne faut pas trop compliquer la tête du téléspectateur  trop bête pour comprendre), de préciser la répartition du gateau (car vous savez comme moi que c'est là l'enjeu).Malhonnête également, de condamner "l'appétit de consommation" (!) des français pour les nouvelles technologies, alors que tout est fait pour les faire consommer, et même s'endetter, pour faire tourner (puis s'effondrer!!) l'économie ; alors qu'on prétend "réduire la fracture numérique"; alors qu'on nous fait croire qu'on ne peut vivre sans (pseudo)"communication", que les nouvelles technologies (et la mondialisation) nous apporteront le bonheur (et, puis même, comment vivre, pratiquement, aujourd'hui, sans ordinateur?); alors qu'on préfère courir à la catastrophe qu'augmenter les revenus du travail (et protéger l'"environnement")?Malhonnête, enfin, d'appeller à la rescousse, et de chanter les louanges (temporairement et tant qu'on y a interêt) de la régulation, et de l'"état-providence" qui n'existe plus, et qu'on a tout fait pour démolir (et qu'on détruira encore dès qu'on n'aura plus besoin de lui.Détrompez-vous, nous ne sommes pas si loin de la misère de masse.Voilà la réalité telle qu'elle est, mais je ne suis pas économiste...
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P
<br /> En tout état de cause, votre réaction est une excellente illustration de l'état psychologique des Français aujourd'hui : pessimisme, colère, angoisse, défiance... Un coktail explosif susceptible de<br /> déboucher sur le meilleur comme sur le pire. A suivre...<br /> <br /> <br />
O
Comment osez-vous prétendre à la télé que le pouvoir d'achat des français a augmenté de 3%, (et que leur impression de pauvreté est en somme imaginaire!) sans préciser que c'est celui des plus riches qui a augmenté, tandis que les autres n'ont fait que s'appauvrir (il existe des statistiques)!Comment osez vous prétendre qu'il existe encore un "état-providence pallant les souffrances sociales, et que les soupes populaires appartiennent au passé? C'est vraiment honteux.Cela fait déjà un certain temps que je constate que le CRADOC nous diffuse des études pseudo-objectives qui vont dans le sens du politiquement correct. (Allez-vous me censurer?)
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P
<br /> Non seulement je ne vais pas vous censurer mais je vais vous répondre.<br /> Ce n'est pas moi qui affirme que le pouvoir d'achat a progressé de 3,3 % en 2007, mais l'INSEE. Le format de ce genre d'émission ne permet pas d'entrer dans les détails et de préciser les<br /> limites de ce type d'indicateurs macroéconomiques qui ne tient pas compte, entre autre, de la manière dont le gateau se répartit entre les ménages (si la question vous interesse, je vous invite à<br /> lire le rapport que j'ai écrit avec Robert Rochefort sur la mesure du pouvoir d'achat. Il est téléchargeable sur ce blog). Ceci dit, les indicateurs usuels montrent que les inégalités, en France,<br /> sont restées relativement stables depuis une quinzaine d'années (en réalité les très, très hauts revenus ont vu leurs revenus augmenter encore). Ceci n'empêche pas qu'une proportion siginficative<br /> (mais difficile à quantifier) de ménages ait pu connaître un recul de son pouvoir d'achat au cours des dernières années, surtout si l'on prend en compte l'inflation d'un certain nombre de dépenses<br /> "contraintes".<br /> <br /> Je n'ai donc jamais prétendu que l'impression de pauvreté était "imaginaire". Si elle est quelquefois bien réel, il n'empêche que pour une proportion importante des ménages, l'impression<br /> d'appauvrissement tient en fait à l'accroissement de leur appétit de consommation, notamment sous l'effet de l'arrivée en masse des produits et services issus des NTIC. En très peu de temps, ces<br /> nouveaux biens et services sont entrés dans la norme de consommation (à tous les échelons de l'échelle des revenus). Pour faire face à des envies de consommer qui ont cru plus vite que les moyens<br /> de les satisfaire, il a falllu faire des arbitrages, se serrer la ceinture sur d'autres postes budgétaires, renoncer à certaines dépenses. C'est frustrant et ça donne l'impression d'une perte. La<br /> "crise" du pouvoir d'achat, ne vous en déplaise, révèle également le goût que nos concitoyens ont pour la consommation.<br /> <br /> Enfin, je comprends que mes propos sur  l'Etat-Providence et les soupes populaires aient pu vous choquer, en particulier lorsque l'on pense à l'affluence dans les restaus du coeur ou les<br /> soupes populaires de l'Armée du Salut. Mais je vous invite à vous documenter sur la crise des années 30 (c'est le moment de revoir Les Raisins de la Colère). Vous pourrez constater que la crise<br /> économique, sans dispositif de protection social, mène à la misère de masse. On en est aujourd'hui bien loin - fort heureusement - et on le doit à l'héritage des trente glorieuses. "Profitons" de<br /> cette crise pour remettre à l'honneur les notions de régulation, de protection, et clouer le bec à la pensée unique ultra-libérale qui considère la protection sociale comme une entrave au bon<br /> fonctionnement des marchés.<br /> <br /> Pour ce qui est des études du CREDOC, je vous invite à juger par vous-même (et non à travers l'écho réducteur qu'en donnent souvent les médias) en allant télécharger celles qui vous intéressent sur<br /> www.credoc.fr.<br /> <br /> <br />

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